Rubrique sur France Info
Hier nous apprenions le décès d'Éric Charden.
On aime ou l'on n'aime pas son œuvre, la question n'est pas là.
La vraie question, c'est le temps qui passe
(1968 et l'ordinaire à moins d'1 F le litre, ce n'est pas hier).
Et voici ce que j'ai entendu hier sur France Info
Je ne pouvais pas ne pas le partager avec vous
Comme je ne sais pas combien de temps
la bande-son sera conservée sur le site de France Info,
je vous recopie le texte de Jean-Pierre Gauffre © ici :
Eric Charden est mort
et la nostalgie est toujours ce qu'elle était...
Croyez-moi ou pas, mais c’est pas très sympa de mourir, comme l’a fait Eric Charden, entre les deux tours de la présidentielle…
Il ne l’a pas fait exprès, mais tout de même…
En l’espace d’une nouvelle, on s’est tous retrouvés plongés à une époque où il y avait du soleil sur la France et où le reste n’avait pas d’importance…
Et aussi brutalement, ça fait très mal…
Pas seulement parce que ceux qui ont vécu cette époque avaient sans aucun doute plus de cheveux et moins de cholestérol…
Parce qu’on se donnait des nouvelles en s’écrivant des lettres sans faute d’orthographe plutôt que des SMS rédigés en langage martien…
Parce que pour savoir quelle était la capitale du Kazakhstan, on ouvrait un vrai dictionnaire avec des pages, de l’encre et des images plutôt que Wikipédia…
Alors bien sûr, tout n’était pas idyllique…
On vivait facilement dix ans de moins…
Il nous fallait bien cinq ou six heures pour aller de Paris à Lyon en train…
A la télé, l’homme de fer dans son fauteuil roulant était moins sexy que Jack Bauer…
Et quand on partait en vacances l’été en Italie ou en Grèce, on souffrait si on était nul en calcul mental pour convertir nos bon vieux francs en lires ou en drachmes…
Mais tout ça n’était pas si grave…
Au moins, il y avait du travail…
Un chômeur, à l’époque de l’Aventura, c’était quelqu’un qui refusait de choisir pendant plus de trois mois parmi la demi-douzaine d’offres d’emploi qu’on lui proposait chaque semaine…
Il n’avait pas besoin de changer d’orientation à tout bout de champ pour tenter sa chance dans des métiers dits en tension…
Et on ne menaçait pas de lui couper les vivres en le traitant de feignasse sans oser le dire vraiment…
A l’époque de Made in Normandie, on croyait encore aux vertus de l’école de Jules Ferry et on pensait qu’il était plus utile de créer des postes d’enseignants plutôt de que d’en supprimer…
Peut-être aussi parce qu’on pouvait assurer nos fins de mois…
Même si c’était déjà au-dessus de nos moyens, parce que le premier choc pétrolier n’allait pas tarder à nous tomber dessus…
Mais en attendant, on n’avait pas besoin d’exprimer notre mal-être et notre sentiment d’abandon en glissant un bulletin glauque ou incertain dans l’urne…
C’était Pompidou forever, l’odeur du chou farci dans les cuisines élyséennes rassurait tout le monde…
Sauf qu’on n’en avait plus pour longtemps et qu’on ne le savait pas… Alors qu’aujourd’hui, on est vraiment en plein dedans…
C’est tout ça qui est remonté à la surface avec Stone sans Charden… Et c’est vraiment pas sympa…
Mais évidemment, vous n’êtes pas obligés de me croire…
Merci Monsieur Gauffre.
Les plus de 40 ans comprendront mon émotion.
Nostalgie :